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Mise à jour sur les changements climatiques et la viabilité

Dans cet épisode, nous mettons en lumière la Commission sur les changements climatiques et la viabilité de l’ICA alors qu’elle change de présidence. Les membres de cette commission Frédéric Matte, FICA, Vincent Carrier-Côté, AICA, et André Choquet, FICA, se joignent au balado pour discuter des réussites passées de la commission, des objectifs pour l’avenir et de la façon dont les membres qui s’intéressent aux enjeux climatiques peuvent s’impliquer davantage.

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Ayotte : Bonjour à tous et à toutes et bienvenue à Voir au-delà du risque, le balado de l’Institut canadien des actuaires. Ici, Maude Ayotte, membre de l’équipe des communications au siège social de l’ICA.

Dans cet épisode, nous allons examiner de plus près la Commission sur les changements climatiques et la viabilité de l’ICA alors qu’elle change de dirigeant et attend avec impatience l’établissement des priorités pour l’année à venir. Aujourd’hui, on accueille André Choquet, président sortant, et les membres de cette Commission, Frederic Matte et Vincent Carrier-Côté.

Merci beaucoup à tous les trois de vous êtes joints à nous aujourd’hui pour ce balado.

Choquet : Merci Maude de nous recevoir.

Matte : Bonjour Maude, merci de nous recevoir.

Carrier-Côté : Très heureux d’être avec vous, Maude.

Ayotte : Alors débutons cet entretien avec vous, André. Pouvez-vous nous donner un bref historique de la Commission sur les changements climatiques et la viabilité, ou si on préfère la CCCV? Quel est le mandat de ce groupe?

Choquet : Avec plaisir. Le comité a débuté en 2014 sous la direction de Karen Lockridge, qui est Fellow de l’Institut. D’autres actuaires pionniers, après, ont aidé à faire avancer la Commission. Des pionniers comme Catherine Jacques-Brissette, Gaetano Geretto et Yves Gérard, pour n’en nommer que quelques-uns.

Au départ, on avait deux mandats, je dirais, sensibiliser les actuaires à l’impact des changements climatiques sur les compagnies d’assurance et les propriétaires d’actifs. Comme on le sait, ce sont les deux principaux employeurs des actuaires. Et deuxièmement, le mandat, c’était de souligner le rôle des actuaires dans la gestion des risques liés au climat et l’apport de solutions qu’on amenait pour atténuer les changements climatiques ou s’y adapter.

Une réalisation importante à l’époque a été de créer l’Indice actuariel climatique (IAC). Il s’agit d’une mesure objective de l’évolution des phénomènes météorologiques extrêmes. L’Indice est surtout un outil éducatif, mais les données ont été utilisées par des décideurs politiques. Ils contribuent à renforcer la crédibilité de la profession dans le domaine des changements climatiques. Il montre que nous nous sommes impliqués à peu près au même moment où on élaborait l’accord de Paris.

J’ai été président au cours des deux dernières années, période durant laquelle notre Commission était responsable de quatre choses. Premièrement, sensibiliser les actuaires à la pertinence des risques liés aux changements climatiques pour notre travail.

Deuxièmement, établir des projets de recherche, troisièmement, s’engager auprès des organismes de réglementation et influencer les politiques publiques. Et troisièmement, promouvoir l’expertise des actuaires au Canada et à l’étranger dans le domaine des risques liés au climat.

Puis-je vous parler, Maude, de quelques réalisations dont je suis le plus fier au cours de mon mandat?

Ayotte : Oui.

Choquet : Nous avons amené la question du climat, de la durabilité au niveau du Conseil d’administration de l’ICA. Avec eux, nous avons créé un comité directeur du Conseil d’administration afin d’améliorer l’engagement et la collaboration entre les pratiques. Ce nouveau comité, créé en 2022, a émis un énoncé sur les changements climatiques dont Frederic va nous parler tout à l’heure.

Aussi, nous sommes engagés auprès des décideurs publics, tels le Bureau du surintendant des institutions financières, le BSIF, ou l’Association canadienne des organismes de contrôle des régimes de retraite et les Autorités canadiennes en valeurs mobilières. On s’est engagé avec eux sur leur ligne directrice, leur règlement pour le secteur financier.

Au niveau éducation, nous avons fourni beaucoup de matériel éducatif de qualité pour les actuaires comme les webémissions, des séances durant le Congrès annuel ou du matériel pour les nouveaux examens actuariels canadiens. Une source que votre auditoire devraient consulter, c’est la série de documents sur les changements climatiques et la durabilité de l’Association actuarielle internationale. Il y a beaucoup de membres de l’ICA qui ont collaboré à la rédaction de la quasi-totalité de ces documents. Je suis très fier de leur engagement.

Et finalement, l’ICA à l’an dernier est devenu un membre de soutien de l’initiative financière du programme des Nations Unies pour l’environnement. Il s’agit d’un consortium de banques, d’assureurs et d’investisseurs qui vise à mettre en place des économies mondiales plus durables. Alors voilà.

Ayotte : Vous travaillez actuellement dans un cabinet d’experts-conseils pour les facteurs ESG. Pouvez-vous décrire votre rôle?

Choquet : Oui. Alors j’ai commencé ma carrière en tant qu’actuaire dans le domaine de la retraite. Par la suite, je suis passé à la gestion des risques d’entreprise, puis éventuellement à la gestion des investissements pour les propriétaires d’actifs. Aujourd’hui, j’apporte toute cette expérience à une société d’expertise-conseil à Montréal, qui s’appelle Millani.

En gros, nous avons deux types de clients. Premièrement, des propriétaires d’actifs ou des gestionnaires d’actifs pour lesquels nous développons une stratégie d’intégration d’ESG, y compris les risques liés au climat. Et on intègre ça dans le processus d’investissement.

Notre deuxième type de client, c’est des entreprises pour lesquelles nous développons une stratégie d’identification de mise en valeur des sujets ESG clés qui augmentent la valeur de l’entreprise. Et ce qui est intéressant, c’est que ces deux types de clients sont comme liés. Les propriétaires ou les gestionnaires d’actifs finissent par investir dans les entreprises qui maîtrisent bien leur sujet ESG matériel.

Alors mon rôle, chez Millani, c’est de travailler avec mes collègues de différents horizons. Il n’y en a aucun qui sont des actuaires, et ensemble, on mène à bien nos projets stratégiques.

Ayotte : Et aimeriez-vous partager des conseils aux actuaires qui souhaitent percer dans ce domaine?

Choquet : Absolument. C’est sûr qu’un certain niveau de connaissance de l’ESG du climat est nécessaire pour débuter dans ce domaine. C’est un domaine en constante évolution. Alors, les actuaires qui pensaient que leurs années d’étude étaient terminées après les examens actuariels ne devraient pas postuler.

Dans une certaine mesure, vous pouvez étudier par vous-même. C’est ce que j’ai fait au fil des ans. En 2016, alors que j’étais conseiller en investissement dans une société-conseil en retraite, je me suis intéressé à cet espace après avoir écouté une conférence l’allocution de David Suzuki à une conférence devant les cadres du secteur alimentaire. Peu après, le gouvernement de l’Ontario a imposé au régime de retraite d’inclure dans leur politique d’investissement un énoncé lié à l’intégration de l’ESG. Alors, graduellement, je suis devenu le champion de l’ESG dans mon bureau.

Mais c’est possible aussi d’obtenir un certificat. Par exemple, il existe des certificats en finances durables et livrés par notre organisation sœur au Royaume-Uni, l’IFOA, l’Institute and Faculty of Actuaries. Il y a aussi le Charter Financial Analyst Institute qui offre un certificat aussi. Et même certaines universités le proposent, y compris mon Alma mater, l’Université Concordia à Montréal.

Je crois que les actuaires, en gros, apportent deux attributs étonnants au monde du climat. Sur le plan technique, nous effectuons depuis longtemps des analyses de scénarios complexes, des tests de stress et nous construisons des modèles depuis, je dirais, la naissance des compagnies d’assurance. Nous avons certainement quelque chose à dire et à faire en ce qui concerne, par exemple, la gestion des données sur les gaz à effet de serre ou l’analyse des scénarios climatiques.

Et aussi l’autre aspect qu’on apporte, c’est la réputation de notre profession qui est vraiment digne de confiance. Nous sommes dotés d’un un code de conduite des normes professionnelles et un processus disciplinaire qui apporte de la rigueur à l’espace qui contient parfois un peu trop de fluff, comme on dit en anglais, ou d’analyse incomplète. Et si j’en tiens à notre devise qui dit : le travail de la science est de substituer les faits aux apparences et les démonstrations aux impressions, alors on amène beaucoup de valeur au domaine du climat et de la viabilité.

Ayotte : Merci beaucoup André. Passons maintenant à vous, Frederic. Qu’est-ce que la CCCV envisage d’examiner dans l’avenir? Quels sont certains objectifs pour cette année?

Matte : Si tu permets, je vais débuter avec une petite parenthèse qui fait le pont en partie avec ce qu’André vient de dire. Je me suis joint à la CCCV en début 2020, pas longtemps après que le premier énoncé public a eu été publié par l’ICA en 2019. Ça a été un peu ce qui m’a poussé à m’impliquer dans la Commission. C’était important pour moi d’explorer davantage ce milieu.

Je sentais qu’on pouvait jouer un rôle en tant qu’actuaire avec notre formation, notre bagage, autant technique que le sens des affaires que ça nous amenait à développer. Et à force de constater que le temps continue de me donner raison (de nous donner raison), quand on regarde tout le développement, que ce soit au Canada ou à l’international, au niveau de la réglementation, au niveau de la pratique aussi. Donc, André a décrit un peu son parcours.

Je suis aussi dans un rôle actuellement qui est dédié aux risques des changements climatiques et aux enjeux ESG dans une firme… je vais faire un peu de saine compétition avec mes collègues ici, qui s’appelle WTW, anciennement Willis Towers Watson. Mais tout ça pour dire qu’on voit beaucoup de changements et c’est hyper emballant. Il y a beaucoup d’occasions, je pense, pour les actuaires. Et puis, le dernier énoncé qui provient du Conseil d’administration de l’Institut, et dont on parlera un peu plus tard, vient vraiment cimenter cette perception. Puis je voulais vraiment donner un élan, un élan additionnel.

Je ferme ma parenthèse et je reviens à ta question, Maude.

En tant que vice-président pour le volet assurance dommages de la commission, je suis partie intégrante, en fait, de la transition entre André, qui était ancien président, vers Houston, qui est maintenant notre nouveau président. Puis notre plan ou nos objectifs s’inscrivent, d’une part, dans la continuité. Donc, on ne réinvente pas la roue, mais clairement, 2023 sera une année chargée pour les institutions financières. Dans notre cas, on va penser surtout aux compagnies d’assurance.

Il y a beaucoup de plus de pression auparavant qui vient de l’externe et de l’interne, je devrais dire, que ça soit d’encadrement réglementaire, que ce soit des investisseurs ou même des employés qui obligent les compagnies d’assurances, notamment, à se poser davantage de questions sur les risques liés aux changements climatiques, les enjeux ESG, etc. C’est beaucoup plus discuté au niveau des conseils d’administration, des entités et de la haute direction. 

Si on ajoute à ça aussi le fait que l’Institut a publié une nouvelle note éducative sur l’examen de la santé financière, où l’équivalent francophone du Financial condition testing, qui soutien et recommande l’intégration des risques liés aux changements climatiques dans l’exercice. On pense aussi à la ligne directrice B15 du BSIF sur la gestion des risques liés aux changements climatiques. Donc, probablement au moment où va être mis en ligne l’épisode, la version finale de la ligne directrice devrait être disponible. Si ce n’est pas le cas, ça sera une question de temps.

En fait, on s’attend à ce que le BSIF amène aussi une exigence au niveau de l’analyse de scénarios standardisée qui sera probablement mise en place en 2024, mais dont on devrait en entendre parler en 2023. Donc, quelques exemples qui démontrent qu’il devrait y avoir beaucoup d’activités en 2023, encore une fois pour les compagnies d’assurance.

Ce qui devrait nous nous amener à observer une transition des ressources autant humaines que financières d’une question qui a à peu près tenu tout le monde en haleine ces dernières années, soit l’IFRS 17, vers des initiatives davantage liées encore une fois aux enjeux climatiques et ESG. À la commission, si je devais le résumer en un mot, ce que ça veut dire pour nous ou ce sur quoi va porter notre attention, c’est de la collaboration, que ce soit formel ou informel. Et puis, si on traduit ça en objectif concret…

Je le disais tantôt, il y a beaucoup de continuité dans tout ça par rapport au mandat original de la Commission, mais c’est mousser la collaboration avec les autres commissions ou groupes de travail au sein de l’ICA dans toutes les pratiques. Que ce soit en assurance dommage, assurance-vie, placements, régime de retraite, à développer différentes ressources pour nos membres, pour les aider à aborder ces nouvelles exigences, à y répondre et aussi à surmonter les différents défis auxquels ils feront face dans les prochains mois, mais les prochaines années également.

On sait que ce n’est pas quelque chose qui va disparaître à court terme, assurément. On veut aussi continuer à sensibiliser, motiver et éduquer la communauté actuarielle sur les risques climatiques… Comment intégrer ces risques dans les travaux plus traditionnels, entre guillemets, notamment en mettant sur pied un symposium sur les changements climatiques et la viabilité qui devrait prendre la forme d’une série de webémissions ciblées au courant de l’année 2023. Donc, restez à l’affût. Plus de détails à venir là-dessus. La Commission est en train d’y travailler.

On veut également lancer et apporter un soutien à tout le moins une initiative de recherche pour soutenir cet effort, à savoir comment intégrer les risques liés aux changements climatiques, ou comment intégrer les différentes considérations dans notre travail au jour le jour.

Ayotte : Puis le Conseil d’administration de l’ICA a récemment publié un énoncé sur les enjeux climatiques. Pouvez-vous nous décrire le contenu de cet énoncé, puis nous dire en même temps ce que les membres de l’ICA devraient en tirer?

Matte : J’y faisais référence d’entrée de jeu. Je pense que de voir le Conseil d’administration s’impliquer de la sorte… puis je vais peut-être faire référence aux propos d’André ici. Le fait que cet enjeu ait maintenant sa place dans les discussions au Conseil d’administration, je pense que c’est hyper important, mais aussi super emballant pour la profession.

Puis, le document débute justement avec une nouvelle aussi importante qu’excitante, j’aurais dû dire, soit le fait que l’ICA a maintenant le statut de soutien à l’initiative financière du programme des Nations Unies pour l’environnement. Sans rentrer dans les détails, c’est un bras de l’ONU au fond qui est à tout le moins indirectement lié au principe, par exemple au principe d’investissement responsable, au principe pour l’assurance durable, donc probablement des ressources ou des cadres qui sont un peu plus familiers pour une partie de l’auditoire.

Donc, par le fait même, l’ICA s’engage à partager son expertise et l’expertise de la profession au niveau national et international, mais aussi de mettre des outils, que ce soit au niveau, en apportant un soutien à la recherche, en développant des lignes directrices ou des notes éducatives, à la disposition de la profession pour prendre en compte les risques climatiques. Vous voyez, il y a un lien direct avec ce que je mentionnais il y a quelques instants en ce qui concerne entre autres les objectifs de la commission pour la prochaine année, et non, ce n’est pas un hasard.

Le papier continue avec une mise à jour sommaire de différentes initiatives qui ont été mises en place récemment. On pense entre autres au Conseil de normes internationales d’information sur la durabilité; on entend plus souvent la version anglaise, International Sustainability Standards Board; la ligne directrice B15 du BSIF à laquelle j’ai fait référence un peu plus tôt; le projet pilote conjoint de la Banque du Canada et du BSIF, qui se penchait sur le risque de transition pour les institutions financières importantes au Canada.

Et j’en oublie probablement, mais tout ça nous donne un aperçu des cadres ou des ressources à la disposition des actuaires, qui décrivent certaines exigences ou vont décrire certaines exigences, mais en même temps nous donne un cadre à l’intérieur duquel travailler, qui est pratique j’ai envie de dire, dans la mesure où on entre dans un monde qui est hyper complexe, puis dans lequel il y a beaucoup de défrichage à faire.

On donne aussi des explications sommaires sur différentes catégories de risques climatiques, dont les risques physiques, risque de transition, risque de responsabilité. Donc, c’est très intéressant. C’est comme une introduction, si on veut, pour ceux et celles qui seraient moins familiers avec les différents concepts.

Et finalement, l’élément clé à retenir en ce qui me concerne, l’appel à l’action. Clairement, on vient statuer que les actuaires peuvent et ont un rôle à jouer dans toutes les pratiques. Encore une fois, au niveau de l’assurance des régimes de retraite et des placements. Il existe des ressources qui sont disponibles pour commencer à s’y intéresser, à regarder de manière un peu plus concrète. Je pense que Vincent va en parler un petit peu dans son segment, mais clairement, il y a un point de départ pour les actuaires pour s’impliquer et la porte est ouverte clairement.

Puis on termine aussi en mentionnant la création de la Commission directrice sur les changements climatiques et la viabilité, qui pour moi est un peu un renforcement du mandat de la CCCV dans les plus hautes sphères, si on veut, de l’Institut qui vient apporter un élément peut être un peu plus stratégique, un élément un peu plus formel aussi au niveau du Conseil d’administration, de la gouvernance en général.

Donc, beaucoup de choses, beaucoup de nouveautés, mais encore une fois, ça met la table pour beaucoup de belles choses qui vont venir non seulement en 2023, mais pour les années à venir.

Ayotte : Maintenant je laisse la place à Vincent. Pouvez-vous nous décrire votre poste actuel et comment les considérations climatiques affectent-elles votre pratique en particulier?

Carrier-Côté : Donc, je suis gestionnaire dans la pratique actuarielle d’EY, Ernst and Young, en assurance-vie.

Je vais commencer par dire que les risques climatiques n’ont pas nécessairement été une composante centrale ou même importante de mon travail dès le début de ma carrière. C’est quelque chose qui est en train de changer, du moins jusqu’à un certain point. Puis on pourra revenir un peu plus tard sur le comment et le pourquoi c’est en train de changer.

Mes principaux mandats jusqu’ici ont été un peu plus traditionnels, du moins dans le monde de la consultation en assurance-vie. Donc j’ai fait beaucoup de modélisation dans GGY AXIS en particulier. J’ai fait pas mal de « Financial Reporting », pardonnez-moi l’anglicisme, notamment avec IFRS 17 dans les dernières années.

Et puis, plus récemment, j’ai fait pas mal de projets stratégiques, disons en réassurance, notamment des études de faisabilité pour des compagnies d’assurances qui voudraient établir des structures à l’interne ou connexes en réassurance dans d’autres juridictions, comme les Bermudes, notamment pour optimiser leur gestion de capital. Puis, on pourra revenir dans quelques instants à comment ces mandats m’ont permis de commencer à travailler un peu plus concrètement sur des sujets qui touchent les enjeux climatiques.

Ayotte : Et que peuvent faire les membres plus jeunes ou plus récents de l’ICA s’ils ou elles veulent s’impliquer davantage dans les enjeux climatiques?

Carrier-Côté : Je pense qu’il y a plusieurs façons de s’impliquer. Donc, la première je dirais, c’est d’essayer de s’impliquer dans des initiatives à l’interne que son employeur peut offrir, puis manifester son intérêt envers ses collègues et ses supérieurs. C’est pour ma part ce que j’ai fait, et j’ai vraiment essayé d’en apprendre le plus possible sur ce que des gens de pratiques disons connexes à l’interne faisaient autour de ces enjeux.

Ce n’est pas quelque chose que notre pratique actuarielle, du moins aux États-Unis où je pratique, faisait beaucoup de travail client dans ce milieu. Mais notre pratique d’actuariat au Royaume-Uni, étant donné que l’Europe et le Royaume-Uni en particulier sont beaucoup plus avancés dans ce domaine, eux autres faisaient pas mal de travail client depuis plusieurs années. En grande partie, il y a plus de législation qui a été passée en Europe et au Royaume-Uni, donc j’ai vraiment essayé de comprendre ce qui se faisait là-bas.

Je suis aussi entré en contact avec les pratiques de comptabilité et de finance en assurance. Puis aussi, on a une pratique plus d’experts en changements climatiques qui ne travaillent pas nécessairement sur des projets actuariels, mais travaillent souvent avec les mêmes clients que nous, donc qui ont des gens qui ont un focus en assurance. Et puis ça m’a permis d’en apprendre beaucoup sur les concepts en général, mais aussi sur les considérations des assureurs autour de ces enjeux. Ça m’a permis aussi de réseauter un peu, de promouvoir le rôle potentiel de l’actuaire dans le milieu si on veut. Donc ça, c’est la première chose.

Je dirais aussi que c’est important d’essayer de… Tu sais, si l’actuaire à l’intérêt de graduellement toucher aux enjeux climatiques de plus en plus dans son travail, d’essayer de trouver des liens pertinents entre tout sujet qui peut toucher aux risques climatiques, et puis, ses responsabilités plus traditionnelles au jour le jour.

Un exemple qui peut être pertinent pour beaucoup d’actuaires canadiens, je pense, c’est la mise sur pied en fin 2021, je crois de l’ISSB, l’International Sustainability Standards Board par la Fondation IFRS. Donc, c’est une entité qui est chapeautée par la Fondation IFRS et ils ont des bureaux à Montréal d’ailleurs. Et puis leur objectif est de développer des standards mondiaux sur la viabilité financière. Je pense qu’il planifie de publier leur premier standard cette année, en fait.

Puis, je dis que ça peut être pertinent pour beaucoup d’actuaires canadiens parce que, comme on sait, l’IFRS 17 a probablement été central dans le travail de beaucoup d’actuaires au Canada dans les dernières années, puis ces actuaires-là auront développé une expertise avec les standards de comptabilité, la préparation d’états financiers en assurance. Donc ça pourrait être assez naturel pour eux d’ensuite essayer de se spécialiser un peu plus sur les standards reliés à la viabilité, aux changements climatiques comme ceux de l’ISSB.

Ensuite un autre exemple un peu plus personnel, qui, pour moi, venait du travail concret dans le domaine. Donc, j’ai mentionné que j’ai travaillé avec des assureurs qui souhaitaient potentiellement établir des solutions de réassurance aux Bermudes pour optimiser la gestion de leur capital de risque. Ça peut sembler assez loin des enjeux climatiques, mais récemment, le régulateur financier aux Bermudes qui est le Bermuda Monetary Authority a publié une note à l’intention des assureurs et des réassureurs sur la gestion des risques climatiques.

Puis un de mes anciens clients là-bas a demandé à des collègues de vraiment les aider à développer un plan pour se conformer aux nouvelles exigences climatiques. Et donc à travers mon travail par le passé dans cette juridiction et mes relations avec nos collègues là-bas, j’ai été capable de contribuer sur le projet, puis vraiment m’impliquer. Donc tout ça pour dire que ça peut commencer par être plutôt en périphérie de son travail au jour le jour, mais il y a définitivement des façons de s’impliquer davantage si on était intéressé.

Et puis je dirais que c’est aussi important de rester bien informé par rapport aux nombreuses publications et puis à la recherche qui sort constamment sur ces sujets. Pour moi, je dirais que les rapports de l’Association actuarielle internationale, comme André l’a mentionné, sur les changements climatiques, ça a vraiment été je dirais la première recherche que j’ai lu qui était vraiment à l’intention des actuaires. Puis ça m’a vraiment ouvert les yeux sur le rôle qu’on pouvait jouer.

Et aussi, je dirais les rapports ou les documents des nombreux organismes qui commencent à développer des standards comme le TCFD, le Task force on Climate Financial Disclosures. Et puis je vais faire un peu de promotion pour le comité. Sur le site de l’Institut canadien des actuaires, on a une page de ressources qui est quand même un bon point de départ pour des actuaires qui seraient intéressés à commencer à lire sur le sujet.

Et puis, je dirais la dernière et non la moindre, ce serait de postuler pour se joindre à notre comité s’il y a un intérêt. Donc pour ma part, je suis entré en contact avec André l’été dernier par l’entremise d’un ancien membre du comité que je connaissais bien. Et puis je lui ai fait part de mon intérêt, mes idées et puis me voilà. Donc on a toujours de l’intérêt pour de nouveaux membres.

Ayotte : C’était très intéressant. Encore une fois, je vous remercie tous les trois de vous être joints au balado.

Matte : Merci Maude.

Choquet : Merci Maude.

Carrier-Côté : Un grand merci, Maude.

Ayotte : La conversation d’aujourd’hui vous a plu? Allez vous abonner à notre série balado pour vous rattraper et écoutez les épisodes que vous avez peut-être manqués au cours des derniers mois. Également, si vous avez des idées pour un futur épisode, où souhaitez participer à la rédaction du contenu pour notre blogue Voir au-delà du risque, je vous invite à communiquer avec nous. Nos coordonnées se trouvent dans la description de l’émission.

Je m’appelle Maude Ayotte et je vous remercie d’avoir écouté Voir au-delà du risque. À la prochaine!

Cette transcription a été révisée par souci de clarté.

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