Cet article a été publié initialement dans l'(e)Bulletin de l’ICA.
par Marc Tardif, FICA
Président de l’ICA
Depuis mon dernier billet, le paysage politique à l’échelle fédérale a complètement changé. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec un gouvernement minoritaire qui, par nature, comporte son lot d’incertitudes et d’hésitations. Un coup d’œil rapide à la carte électorale et on constate une polarisation des Canadiens d’un bout à l’autre du pays. Cependant, au-delà du paysage politique, notre profession a toujours pour principe de faire passer l’intérêt des Canadiens avant tout.
À l’heure actuelle, les risques relatifs aux changements climatiques et les répercussions des mesures d’atténuation sont parmi les plus grandes préoccupations des Canadiens. Dans son article sur les changements climatiques et l’industrie des assurances IARD récemment diffusé dans le cadre de la publication Gestion du risque d’entreprise 2019 : La nouvelle vague de risques, Paul Kovacs dresse la liste des risques liés aux changements climatiques pour le secteur des assurances IARD au Canada. Je vous invite à en faire la lecture. L’auteur y reprend notamment les avertissements de Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui affirme qu’un traitement inadéquat des risques liés aux changements climatiques représente une menace émergente pour la stabilité du système financier.
Toujours est-il que nous avons publié notre énoncé sur les changements climatiques le 24 septembre alors que tous les projecteurs étaient braqués sur la campagne électorale canadienne. Nous sommes parvenus, malgré tout, à susciter de l’intérêt auprès de plusieurs intervenants du gouvernement et de l’industrie. Au cours des dernières semaines, l’énoncé a été le point de départ de discussions préliminaires intéressantes qui se déroulent toujours dans l’optique de l’intérêt public.
Le climat : des rencontres préliminaires, mais prometteuses
Nous avons rencontré l’Association pour l’investissement responsable (AiR), un regroupement de chefs de file canadiens qui prônent l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans le choix et la gestion des investissements. Nous avons également discuté avec l’équipe de 360 Energy, une organisation qui encourage ses entreprises clientes à adapter leurs opérations pour gagner de l’efficacité énergétique. Ces entreprises améliorent non seulement leur image de marque auprès des consommateurs canadiens, mais elles récoltent également des bénéfices sur le plan financier.
Nous avons aussi eu l’occasion d’échanger avec M. Brad Trivers, ministre de l’Environnement de l’Île-du-Prince-Édouard. Cette province canadienne est très consciente des risques qui pourraient la frapper de plein fouet compte tenu de la hausse du niveau de la mer. L’équipe du ministre nous a également fait part de préoccupations concernant l’augmentation de la tarification des assurances IARD. Si le gouvernement fédéral tient sa promesse, un plan d’atténuation du risque d’inondation qui s’appuie notamment sur les recommandations du Bureau d’assurance du Canada pourrait bientôt voir le jour. Ce plan inclurait, notamment, la collecte de données relatives aux cartes pour illustrer les risques d’inondation partout au pays et la divulgation de ces cartes en ligne.
Au chapitre de la divulgation, une rencontre avec des intervenants de la Banque du Canada est prévue. Nous comptons discuter de la divulgation financière obligatoire des risques et des possibilités liés au climat. Comme vous le savez peut-être, la Banque d’Angleterre a récemment pris les devants et rendra obligatoire la divulgation des risques climatiques dans les rapports financiers des sociétés au Royaume-Uni en 2021. Nous aimerions également discuter davantage avec les comptables professionnels agréés (CPA), car l’expertise actuarielle pourrait contribuer à quantifier et refléter les risques dans les rapports financiers.
Il me semble que les conseils mesurés des actuaires, qui s’appuient sur des données fiables, soient plus importants que jamais pour favoriser la prise de décisions éclairées. Notre rôle d’actuaire-conseil concernant l’atténuation et la planification des risques gagne en importance. Outre les changements climatiques, le régime national d’assurance-médicaments est un autre enjeu à l’égard duquel l’expertise actuarielle pourrait s’avérer pertinente si le gouvernement actuel décide d’aller de l’avant.
Les priorités stratégiques pour les prochaines années
En octobre, les membres du Conseil d’administration, les présidents des directions et le personnel du siège social se sont rassemblés pour travailler sur le plan stratégique 2020-2023 de l’Institut. Un modérateur externe a été chargé d’animer la discussion et nous a aidés à cerner nos stratégies prioritaires de façon claire et efficace. L’un des outils que nous avons retenus de cette séance est une méthode de pondération que nous allons appliquer aux objectifs de chaque secteur de l’organisation pour nous aider à prioriser nos ressources plus efficacement.
J’ai bien hâte à la prochaine rencontre du Conseil d’administration en décembre puisque nous aurons l’occasion de revoir le plan stratégique en profondeur.
Marc Tardif, FICA, est le président de l’Institut canadien des actuaires.